J8 - Le jour tant attendu est arrivé
Lundi matin, réveil aux aurores pour LA visite du séjour,
celle que les enfants attendent depuis plusieurs semaines : le Taj Mahal.
Dès 5h, on entend la ville se réveiller et les klaxons
commencer. On a du mal à réveiller les enfants et encore plus à les faire habiller !!
On mange rapidement quelques biscuits parce qu’on n’a pas le droit d’avoir de
nourriture pendant la visite. A 5h30, nous sommes dans le hall. Dès que les
copains arrivent, nous nous mettons en route. Cinq minutes de marche tout au
plus !! Mohan est déjà sur place et a pris nos billets. Nous nous
mettons dans la file d’attente qui a commencé à se former. Le Taj ouvre à 6h.
Il vaut mieux venir pour le lever du soleil, c’est la
garantie de ne pas avoir trop de monde. Comme au Fort rouge, il y a une file
d’entrée séparée pour les hommes et les femmes et un contrôle des bagages. Les
enfants sont passés avec le guide dans la file des gens qui ne payent pas.
La visite peut enfin commencer et Mohan nous presse un peu
pour faire un maximum de photos. Il n’explique rien, c’est bizarre. On
comprendra plus tard que c’était en fait très malin, c’est la seule solution
pour avoir des photos avec peu de gens, voire personne d’autre que nous. Il y a
même des gens dont le métier est de prendre les gens en photo, ils connaissent
tous les bons endroits ! On mitraille dans tous les sens, c’est incroyable
d’être là. Mohan nous emmène sur le côté droit du Taj. Il faut savoir que les
quatre façades sont identiques. A cette heure-là, le soleil donne sur le Taj et
l’enveloppe d’une douce lumière. C’est magnifique. Après toute une série de
photos, il nous annonce des photos « inoubliables ». Ah oui ?
Qu’est-ce qu’on peut avoir de plus ?
Une astuce toute bête : avec un peu d’eau, on fait une
flaque au sol, on prend la photo à ras le sol et on a alors un magnifique
reflet. (Les photos ont été prises avec le téléphone d'Emilie et je ne les ai pas encore re-récupérées...)
![]() |
Tadam ! Avec presque personne devant ! |
Tout le monde écoute attentivement Mohan. |
Le 5ème empereur moghol, voyant sa femme préférée (il en avait trois) mourir des suites de son accouchement de leur 14ème enfant, lui a fait trois promesses : lui bâtir un magnifique mausolée, ne jamais se remarier et ne jamais gronder les enfants. Et il a tenu chacune de ses promesses. Le Taj Mahal est une merveille représentant l’amour de cet homme pour sa femme. Il a fallu 22 ans pendant lesquels 20 000 ouvriers ont travaillé pour achever la construction. Le marbre était incrusté de pierres précieuses et semi-précieuses. Aujourd’hui, il ne reste que les pierres semi-précieuses. Tout est symétrique et le cénotaphe de la femme est au centre du mausolée. Son tombeau est dans la crypte. La fille préférée de l’empereur l’a fait enterrer aux côtés de sa femme. L’intérieur du mausolée avec les deux cénotaphes est donc le seul endroit où tout n’est pas parfaitement symétrique. En effet, comme tout était prévu pour la femme, elle est au centre de tout. L’empereur s’est ajouté à côté.
Pour la
petite histoire, parmi les 14 enfants, 7 sont morts en bas-âge. L’un des fils
voulant prendre le pouvoir à son père l’a simplement fait emprisonner dans une
prison du fort rouge. Il a également tué ses 3 frères. Il ne lui restait donc
que 3 sœurs, inutiles pour la descendance. C’est ce fils ambitieux, le 6ème
empereur moghol qui a revendu les pierres précieuses du Taj car il trouvait que
son père dépensait à tort et à travers. Il a également revendu les bijoux de sa
mère et fait stopper des projets en cours, notamment celui d’un mausolée face
au Taj Mahal, de l’autre côté du fleuve Yamuna. Ce 6ème empereur
s’est fait tué par les Britanniques avant d’avoir un fils. Et c’est ainsi que s’est
arrêtée la dynastie !
Je ne
pourrais raconter tout ce que nous avons appris avec Mohan mais il est
passionnant. Les enfants l’écoutent aussi avec attention.
A l'arrière du Taj, au bord de la Yamuna toute embrumée... |
Hello you ! |
En sortant, après près de 3h de visite qui sont passées en un clin d’œil, Mohan, nous conduit dans une boutique de souvenirs où le marbre est travaillé comme sur le Taj, avec des pierres incrustées. Guilhem et Emilie craquent pour une assiette. Nous serons beaucoup plus raisonnables !
Sur le chemin de l'auberge |
De retour à
l’auberge, nous prenons un petit-déjeuner sur la terrasse, avec une dernière
vue sur le Taj. Puis il est temps de boucler les valises et retrouver le
chauffeur qui va nous accompagner à Jaipur. Nous sommes devenus des pros du
tuktuk : deux suffisent pour charger les valises et les huit passagers. On
doit retrouver notre minibus à un hôtel en-dehors de la zone interdite aux
voitures. Il est là mais pas très bien garé donc let’s go !
Je lui
explique le programme : à Agra, le Baby Taj avec un stop devant le Fort Rouge
pour une photo puis Fathepur Sikri, Chand Baori et enfin Jaipur. Il n’a pas
l’air trop d’accord mais il finit par dodeliner de la tête. Ça veut dire
oui !
Avant
l’embranchement pour monter sur un pont, il nous indique que de l’autre côté du
fleuve, on voit l’arrière du Baby Taj mais que lui, avec le minibus, ne peut
pas monter sur le pont. Donc, en gros, on ne peut pas visiter ce qu’on
veut ! Hum… cela ne nous convient qu’à moitié quand même !
On lui dit
de nous arrêter sur le bord de la route et on prendra un tuktuk pour nous
conduire. On convient d’un point de rendez-vous au Fort Rouge. On trouve un tuktuk
directement et les deux chauffeurs s’échangent les numéros de téléphone pour se
retrouver facilement. Parfait !
Allez, c’est parti : 6 personnes à l’arrière et Guilhem et Ludo de chaque côté du chauffeur !
Il nous dépose devant le mausolée de Itmad Ud-Daula, surnommé le Baby Taj. C’est en fait le premier mausolée du genre, en marbre avec pierres incrustées. La visite est paisible et vaut le coup, c'est vraiment très joli !
A la sortie, nous cherchons notre tuktuk avec qui nous avons convenu qu’il nous attendrait juste de l’autre côté de la route. On scrute les alentours mais rien en vue. Ah si là-bas, je le vois ! Il est en train d’acheter des fruits. Je m’en vais lui dire qu’on est juste là, il n’a pas l’air de comprendre ce que je veux… oups ! Je me suis trompée de gars ! Les minutes passent et on est à deux doigts d’en prendre un autre mais c’est bizarre qu’il ne soit plus là parce qu’on ne l’a pas encore payé… Quand tout à coup, dans le tuktuk de l’autre côté de la rue (il n’y en avait qu’un), on aperçoit un homme allongé. C’est notre homme ! Il est bien là mais il fait la sieste donc on croyait que le tuktuk était vide !
On le
secoue un peu, il se réveille en sursaut et, en une fraction de seconde,
reprend ses esprits et se souvient de qui on est ! Allez en route pour le
fort rouge !
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Rencontre pendant que nous cherchons notre chauffeur. |
Nous retrouvons notre chauffeur de minibus sans problème. Nous refaisons des photos de famille devant le fort rouge, il y a beaucoup de monde en ce lundi matin. Et nous prenons enfin la route de Fathepur Sikri, situé à une quarantaine de kilomètres de là.
Peu avant
d’y arriver, on s’arrête à une station-service et le chauffeur nous demande
5000 roupies pour le plein. Etonnement dans l’assemblée… je lui demande
« Do we pay for petrol ? » Il rigole et me dit que oui. Merci
monsieur, je me doute que ce n’est pas gratuit mais « it is supposed to be
included in the global price ». Oui, oui, on payera 5000 de moins sur la
prestation globale. Ah ok… On vide nos porte-monnaie mais on n’atteint pas
5000, heureusement qu’on peut payer par carte !
En arrivant
sur le parking de Fathepur Sikri, on comprend qu’il faut prendre une navette
pour accéder au site. On est alpagués par des guides et des vendeurs de toutes
sortes. Il faudrait qu’on mange avant de démarrer la visite. On ressort donc du
site, on traverse la rue (allez, les enfants, on reste groupés ! Les
traversées de route sont toujours des aventures en elles-mêmes…) et on choisit
au hasard une petite échoppe qui vend des chips et des biscuits. Pas de fruits
à l’horizon, dommage…
Les paquets
de chips sont tout petits ici, 12g seulement pour 5 roupies. On n’a pas trop
fait attention à ça en les achetant donc, on n’en aura pas beaucoup !
Priorité aux enfants, moi de toute façon, j’ai trop chaud donc je remplis mon
estomac d’eau.
On décide
de prendre un guide pour faire la visite du site parce que c’est très très
grand. Et vu le timing, on n’aura pas le temps de tout faire. Il semblerait
qu’il nous reste environ 5 heures de route jusqu’à Jaipur. What ? C’est
beaucoup plus que ce qu’on avait prévu…
Le guide
est anglophone alors on s’attache à tout traduire pour les enfants pour
maintenir un peu d’intérêt. Fathepur Sikri a été construite par le 3ème empereur moghol.
Quand il est arrivé ici, c’était la jungle et seul un prêtre vivait dans les
parages. Il se trouve que cet empereur avait un problème majeur, il n’avait pas
de fils. Le prêtre l’a béni, a prié pour lui et quelques mois plus tard, la
femme de l’empereur a donné naissance à un fils. En remerciement, l’empereur a construit la cité de
Fathepur Sikri pour le prêtre et toute sa famille. Et à sa mort, il lui
fit construire un mausolée digne de ce nom, en marbre blanc. Aujourd’hui,
nombreux sont les Indiens à venir prier sur la tombe du prêtre pour voir
exaucer leur vœu le plus cher. Pour cela, c’est très simple, il faut déposer un
tissu sur la tombe, un peu d’argent ne gâche rien et accrocher un petit fil
jaune et rouge dans le marbre sculpté du mausolée. Les adultes ont droit à
trois vœux et peuvent les dire à leur mari ou femme. Les enfants ont le droit à
un seul vœu et ne doivent le dire à personne ! Pour la petite histoire,
Nicolas Sarkozy et Carla Bruni sont venus à Fathepur Sikri et ont fait un vœu.
Quelques mois plus tard, Carla donnait naissance à Giulia !
Petite anecdote, pour visiter Fathepur Sikri, même les hommes n’ont pas le droit de montrer leurs jambes : ils sont donc affublés d’un grand tissu à porter en jupe !
On ne visitera que cette petite partie de la cité, faute de temps. En quittant la cité, on passe inévitablement devant des boutiques de souvenirs. L’un des vendeurs qui parle français m’avait fait promettre de revenir le voir. Je tiens promesse pendant que tout notre petit groupe avance. Puis je paye notre guide. C’était convenu qu’on le paye 300 roupies. C’est un malin, il essaye de me prendre plus, d’autant qu’il n’a pas la monnaie sur mon billet de 500. Mais j’apprends vite : les Indiens trouvent toujours une solution. Je l’accompagne donc vers un petit groupe d’hommes qui a la monnaie ! D’ailleurs dans ce petit groupe, l’un d’eux est en train de manger des morceaux de fruits avec une petite poudre noire dessus. Je demande ce que c’est et il me dit « apple, papaya, banana… ». Oui, ok, les fruits j’avais reconnu mais le noir, c’est quoi ? Un mélange d’épices et de poivre. Bien sûr !!
Il est 15
heures, on reprend la route vers Jaipur. On a un dernier arrêt : Chand
Baori. C’est un puits à degrés, soi-disant le plus beau de toute l’Inde. Il a
été construit dans le but de pouvoir alimenter un village en eau mais faute de
débit suffisant dans la rivière, ça n’a pas fonctionné. Aujourd’hui, il
recueille les pluies de la mousson mais ne sert pas aux habitants. On fait
rapidement le tour à la tombée de la nuit et on repart. Il reste environ 2
heures de route jusqu’à Jaipur.
Les enfants ne dorment pas beaucoup, surtout les grands. Pourtant, on s’est levés tellement tôt le matin !!! Pour finir le trajet, je passe mon téléphone au chauffeur, avec Google Maps. Sur le sien, ça ne fonctionne pas. Je ne comprends pas trop le concept du chauffeur qui ne connaît pas la route et n’a pas d’outil pour l’aider mais bon… Indian style !
Nous sommes donc bien arrivés à Jaipur, vers 20h. Nous sommes logés dans un airbnb où nous sommes accueillis par Atin, sa femme et sa mère. Ils nous marquent le front d’un point rouge en signe de bienvenue et de protection sous leur toit.
L’appartement est très grand avec trois chambres et autant de salles-de-bains. Une grande cuisine mais une seule plaque et très peu d’équipements pour cuisiner. La pièce de vie est spacieuse et agréable, on va être bien. Alors qu’on tombe de fatigue et qu’on rêve tous d’une douche, nous sommes touchés par cet accueil chaleureux et entamons la conversation. Atin est avocat et a étudié en Australie. Autant dire qu’on comprend son anglais et c’est reposant ! Il nous explique également quelques subtilités de l’appartement et notamment le petit interrupteur à activer pour mettre en marche l’eau chaude dans chaque salle-de-bains.
Ce soir-là,
c’est pasta party ! Nous avions tous apporté un paquet de pâtes dans nos
valises en prévision de ces deux jours en appartement. De quoi reposer nos
papilles qui sont en alerte depuis une dizaine de jours. Au moins là, on est
sûrs, no chilli et no black pepper !
Dans la
soirée, petit message de Caro qui nous annonce que notre chauffeur ne sera en
fait pas disponible pour nous accompagner le lendemain. Ah, c’est
dommage ! Il avait pourtant dodeliné de la tête quand je lui avais annoncé
le programme… en fait, il y a eu malentendu dès la réservation, ils pensaient
qu’on avait seulement besoin du chauffeur pour nous accompagner à Amber le
mardi matin mais qu’on rentrerait par nos propres moyens. 3000 roupies juste
pour ça, c’était vraiment exagéré !! On a décidé qu’on irait également par
nos propres moyens. Le tout petit problème, c’est qu’on avait laissé le
réhausseur d’Adrien dans le minibus, donc il faudra quand même qu’il nous le
ramène. Echanges de messages, Caro appelle le patron de la société de
transport, je suis aussi sur whatsapp avec le chauffeur… bref, il viendra nous
déposer le réhausseur le lendemain à 9h. Va pour cette solution !
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