Polynésie - Jours 10 & 11 - Raiatea et Tahaa



Grâce à Emma, nous avons un super programme pour nos deux derniers jours à Raiatea. Mardi, nous visitons le marae Taputapuatea, remontons la rivière Faaroa, la seule rivière navigable de Polynésie et allons nous prélasser sur le motu Iriru. Mercredi, une grande journée est prévue à Tahaa : visite d’une vanilleraie, d’une ferme perlière puis d’un jardin de corail. Pour les deux jours, nous avons les mêmes guides, Teva et sa femme Florie.

Mardi matin, rendez-vous vers 9h30 sur le ponton de la pension Opeha. Grand luxe, Teva et Florie viennent nous chercher directement à la pension en bateau. Pas de tracas donc pour savoir comment on y va ! Nous rejoignons à bord une autre famille puis nous allons tous ensemble chercher deux autres couples. Nous sommes au complet, la visite peut commencer.

Depuis le 9 juillet de cette année, le site de Taputapuatea est classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Mais comme nous l’explique Teva, ce n’est pas seulement le site archéologique en lui-même qui a été classé mais toute la baie de Hotopu, qui va de là à de là.

On fait un petit tour dans la baie, c’est un site privilégié de reproduction pour les raies manta. Cela dit, c’est tout de même assez rare d’en apercevoir dans le coin, ou alors tôt le matin avant qu’elles ne partent à la chasse en-dehors du lagon.
Oh ! Là ! Il y en a une !! Cela augure d’une bonne journée, d'après Teva, nous sommes bénis du dieu Ta’Aroa ! 😉

La raie est assez peureuse et se cache dans l’eau mais elle nous a quand même fait coucou !


Nous allons ensuite à la passe, qui se situe pile en face du marae. Ce n’est pas pour rien que le marae soit en face de la passe. A l’époque, avant 1600, le marae était la porte d’entrée de l’île et la passe, la porte d’entrée maritime. Les visiteurs devaient s’arrêter à la passe (à la porte) et demander l’autorisation d’entrer. S’ils entraient directement, c’était une violation de territoire et équivalait à une déclaration de guerre.

Ici, on voit bien l'arrêt de la barrière de corail et le début de la passe.

Puis Teva nous amène au marae, où nous descendons sur la terre ferme pour le visiter. Teva est intarissable sur l’histoire des Polynésiens et capte totalement notre attention. C’est passionnant ! 

En résumé, le marae était un lieu de rassemblement, là où s’organisait la vie de l’île. C’était un lieu de culte aussi mais ce serait une erreur de le réduire à cela. 

La porte d'entrée, en face de la passe.

Les marae étaient à l’origine construits avec du corail. Certains, dont celui de Taputapuatea, ont fait l’objet de fouilles archéologiques dans l’espoir d’y trouver des sépultures. Lorsque l’état a voulu les restaurer, le corail était déjà protégé, hors de question d’aller en chercher dans le lagon !!! Les marae restaurés le sont donc tous avec des pierres… 
A Taputapuatea, la restauration date de 1968. A l’époque, les locaux ont essayé d’obtenir une dérogation pour la restauration soit faite le plus proche possible du modèle d’origine avec du corail. Quelques années de discussion et de négociation plus tard, le marae a été restauré avec des pierres, comme tous les autres !!!!


Mais la population a obtenu que les fouilles s’arrêtent et qu’aucun autre morceau ne soit détruit. C’est de là que vient le nom du site. « Tapu » signifie « interdit » en tahitien. Ici, c’est doublement interdit !!!
« Atea » signifie « le lointain ». Le site renvoie vers l’extérieur, vers ce qui se passe au-delà du lagon. Dans les années 1500-1600, il y a eu une intense activité volcanique à Raiatea, de l’eau a jailli. Les gens d’alors y ont vu un signe des dieux.
Raiatea ne s’appelait pas ainsi mais Havai’i, ce qui signifie « là où l’eau a jailli. A une toute petite différence près, c’est le même nom que Hawaii, qui signifie la même chose !

Après le jaillissement, Raiatea est devenu un centre religieux mais aussi un centre politique de 1ère importance en Polynésie. C’est à cette époque que les 1ères alliances entre les 5 archipels ont été scellées et c’est à Raiatea que cela s’est fait. Auparavant, les communautés se faisaient toujours la guerre. Mais, bien avant l’arrivée des Européens, les 5 archipels s’étaient organisés et vivaient dans un même ensemble de règles et de croyances. 

Une fois d’accord, les Maohis (« ma » signifie dans le respect de l’autre, de la terre, de la nature et « ohi » signifie la maison, la source) sont devenus des Maoris (« ori » signifiant le voyage) et sont allés raconter leur histoire et leur accord dans tout le Pacifique. On retrouve donc la culture maorie aussi bien à Hawaii qu’en Nouvelle-Zélande qu’en Polynésie !
Le marae nous montre l’union de la Polynésie avec un ensemble de 5 stèles, une pour chaque archipel : les Australes, les Gambier, les Tuamotu, les Marquises et l’archipel de la Société.

Aujourd’hui, les Polynésiens ne vénèrent plus du tout les dieux auxquels leurs ancêtres vouaient un culte. Les Européens sont passés par là et dès la fin du 18ème siècle, ils se sont chargés d’évangéliser toutes les îles ! Aujourd’hui, 95% des Polynésiens sont catholiques ou protestants et 90% sont pratiquants. Ce qui ne les empêche pas bien sûr de vouloir se souvenir de leurs ancêtres et de connaître et comprendre la Polynésie de l’époque pré-Européenne ; d’où la démarche pour faire inscrire ce site à l’Unesco.

Les Polynésiens ont également besoin de connaître leur histoire parce qu’on ne sait pas précisément d’où ils viennent. Il y a trois thèses qui existent. Première thèse : le génotype des Polynésiens est très proche de celui des Chinois de Shanghai ; les 1ers Polynésiens seraient donc Chinois. Deuxième thèse, les Polynésiens seraient Péruviens. En effet, ils ont de la patate douce depuis toujours et la patate douce vient du Pérou, tous les scientifiques sont d’accord là-dessus. Troisième thèse, défendue par un scientifique de Hawaii, les Polynésiens sont issus d’un brassage multi-ethnique. La Polynésie se situe au centre du triangle Polynésien formé par Hawaii au Nord, l’île de Pâques à l’Est et la Nouvelle-Zélande à l’Ouest. L’idée c’est que les 1ers Polynésiens sont d’abord passés par ces endroits, via l’Asie, via l’Australie, via l’Amérique du Nord, via l’Amérique du Sud et qu’un formidable brassage ethnique a donc eu lieu.

Le triangle polynésien, qui pointe réellement vers Hawaii.

On aurait bien écouté Teva encore plus longtemps sur le sujet mais il est temps de remonter à bord et rejoindre la rivière Faaroa pour une petite découverte de la faune locale. C’est la seule rivière navigable de Polynésie mais seulement sur 3-4 kilomètres.
Vite, vite, de l’antimoustique !!


Boutons d'or

Après ce petit aller-retour, direction le motu Iriru pour pique-niquer et nous baigner un peu ! C’est le seul motu public de Raiatea. La baignade est très agréable ! On fait aussi le tour du motu. Avant de repartir, on fait la causette avec nos compagnons de voyage, qui seront aussi des nôtres le lendemain.






Notre fin de journée est très calme. Ludo profite qu’on soit rentrés avant la nuit pour se baigner devant la pension. Les enfants sont un peu difficiles… ils sont épuisés ! Les cris sont remplacés par des ronflements assez tôt dans la soirée !


Mercredi matin, on retrouve Teva et Florie un peu avant 9h, toujours au ponton de la pension Opeha. On a déjà préparé nos valises, Emma nous les apportera  l’après-midi à l’aéroport. Nous, on y sera déposés en bateau au retour de l’excursion !

La 1ère escale de la journée, c’est en ville, à Uturoa. Il faut faire le plein du bateau. Comme ça prend un peu de temps, Ludo en profite pour aller retirer de l’argent et acheter quelques biscuits, pour la survie des monstres. Alexis tient le bateau avec les deux autres petits garçons à bord pour aider Teva quand il fait le plein. 😁


Je n’ai pas de photo des enfants qui tiennent le bateau mais depuis le port, on a une belle vue du mont Tapioi, en haut duquel nous sommes montés deux jours plus tôt. Heureusement  qu’on n’avait pas vu ça au départ de la balade, on n’y serait jamais allés !
  



On prend la direction de Tahaa, l’île vanille qui partage le même lagon que Raiatea.
Logiquement, la 1ère visite de la journée (je ne compte pas la station-service 😉) sera une plantation de vanille. Le guide de la plantation nous explique (dans un joyeux mélange de français, anglais, italien et allemand) comment la vanille est pollinisée, fleur par fleur. Une fleur = une gousse. Et on n’a qu’une seule chance, lorsque la fleur se referme après quelques heures, c’est foutu ! 

La gousse de vanille polynésienne est large, plate et molle, assez différente de la vanille Bourbon que nous connaissons et que nous coupons pour prendre les grains. Là, il faut couper un petit morceau de gousse mais pas l’ouvrir.
 


Petite visite de la plantation et on nous offre un petit verre sous le fare qui fait office de boutique : ils ne perdent pas le Nord !


Lors de cette visite, on nous a aussi expliqué comment on faisait de l’huile de tamanu, en broyant le fruit puis en humidifiant la pâte ainsi récoltée. L’huile de tamanu est un remède contre tous les petits bobos, les piqûres, les bleus, les plaies, etc… une huile magique made in fenua ! (« Fenua » est un mot polynésien qui désigne le pays. Sur les produits, au lieu d’écrire made in Polynesia, Tahiti ou même France, ils inscrivent fièrement « Made in Fenua ».)

Florie surveille l’heure et nous raccompagne au bateau. Il est temps de nous diriger vers notre 2ème visite, plus au Nord. La 2ème visite, c’est celle d’une ferme perlière. La région est en effet également connue pour son élevage d’huîtres perlières. 

On nous explique tout : le choix de l’huître à greffer, le choix du greffon et sa préparation, la greffe en elle-même, et la longue gestation de 18 mois nécessaire pour obtenir une belle perle d’une belle couleur. 

En résumé, les huîtres qui ont une belle poche pour accueillir une perle sont sélectionnées pour être greffées (ces huîtres ont minimum trois ans), les autres deviennent des donneuses. Les donneuses donnent leur couleur à la perle. La greffe d’une huître consiste à insérer une perle dans la poche et un petit morceau du manteau d’une huître donneuse. L’huître greffée va avoir une réaction de rejet du greffon et de la perle et va sécréter de la nacre pour se protéger. La nacre prendra la couleur du manteau de l’huître donneuse. Une huître peut donner jusqu’à 4 perles maximum et elles seront de plus en plus grosses.

C'est dans la petite poche que la guide montre que seront implantés la perle et le greffon.

Une greffeuse au travail.

En Polynésie, il y a une école pour apprendre le métier de greffeur. Elle se situe à Rangiroa dans les Tuamotu et les études durent 5 ans pour devenir greffeur. Mais à Tahaa, les greffeurs sont Chinois parce que les Polynésiens préfèrent aller travailler dans les très grandes exploitations des Tuamotu.

Ces deux visites étaient particulièrement intéressantes ! La dernière de la journée sera un jardin de corail. On s’arrête sur le motu Tautau. C’est un motu privé mais Norbert, le propriétaire, est un ami de Teva et Florie. 😊 
Un morceau du motu a été vendu à l’hôtel Le Taha’a et Teva semble assez fier de nous dire que c’est un hôtel classé Relais et Châteaux.

Florie nous a préparé un repas local avec notamment un gratin de bananes plantain et une salade de poisson cru. 

Le temps qu’ils installent la table et une tempête s’abat sur l’île !!! Du vent, de la pluie ! Heureusement qu’on est à l’abri et plus en mer ! Ce grain n’était apparemment pas prévu du tout ! Pas de panique, ça ne dure pas, on mangera au calme.

On voit le nuage noir dans le fond qui s'approche de nous.

Une fois nos estomacs remplis, nous sommes prêts pour la visite du jardin de corail. Tout le petit groupe suit Teva tandis que je reste sur la plage avec les enfants, les deux nôtres et un autre petit garçon de 6 ans, Mathis, qui ne voulait pas y aller. Les trois petits loups s’amusent comme des fous dans l’eau !!!


Côté corail, ce jardin est assez particulier. Il y a un sens pour le visiter du fait du courant. Il faut le remonter à pied via le motu en face de celui de Norbert, se mettre à l’eau et se laisser porter par le courant. Il faut juste maîtriser le gauche/droite pour se frayer un chemin parmi les coraux sans se blesser. Teva montre le chemin à l’ensemble du groupe. Je crois qu’il a raccourci un peu la visite pour que je puisse y aller aussi. La maman de Mathis revient et on échange. Elle me prête même son masque pour que j’y aille avec Ludo. Super !! 

Du coup, Ludo me montre le chemin. Il semblerait qu’il n’ait pas vraiment retrouvé le même chemin que celui montré par Teva mais peu importe. Ce n’est pas le plus beau jardin de corail qu’on ait vu mais c’est assez plaisant de se laisser porter par le courant.


Là encore, Florie surveille le timing. Et cette fois-ci, c’est pour nous spécifiquement. Nous avons notre avion à 17h donc il faut qu’on soit à l’aéroport à 16h30 au plus tard. Tout le monde se sèche vite vite et on y va !

Petit arrêt devant la plage Joe Dassin. Cette plage n’a pas beaucoup d’intérêt si ce n’est qu’elle a appartenu à Joe Dassin. Il a à peine eu le temps d’en profiter, il est mort peu de temps après son acquisition, à Papeete. (D'ailleurs, je ne l'ai même pas prise en photo !)

Environ une demi-heure plus tard, nous arrivons à l’aéroport, en bateau… normal… 😁😁
Nous remercions chaleureusement Teva et Florie pour ces deux belles journées et saluons nos compagnons de balade.


Emma est déjà là avec nos valises. C’est vraiment royal ! Après l’enregistrement, on attend l’avion avec elle car elle attend des clients qui arrivent peu après notre décollage. Elle est bavarde et tellement sympathique.

Nous quittons Raiatea après 3 supers journées !! Tous les polynésiens que nous avons rencontrés se sont mis en quatre pour que nous ayons un séjour agréable. Et ils ont réussi !!



Commentaires

  1. Très intéressant ce post, on apprend plein de choses. Biz

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  2. Les photos sont vraiment magnifiques et d'ici nous donnent bien le bourdon☹️��

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